Adapter le parcours des élèves intellectuellement précoces et/ou à haut potentiel intellectuel (Expérience Académie de Créteil)
Adapter le parcours des élèves intellectuellement précoces et/ou à haut potentiel intellectuel
Pour répondre aux besoins spécifiques des élèves intellectuellement précoces, l’académie a mis en place un programme qui les prend en main dès le collège et les accompagne tout au long de leur scolarité.
Un dispositif expérimental au collège Jean Charcot de Joinville-le-Pont
Depuis la rentrée 2006, des élèves à haut potentiel intellectuel du Val-de- Marne sont affectés au collège (de la 6e à la 3e et tout au long de l’année scolaire) après examen des dossiers par les services de la direction des services départementaux de l’éducation nationale.
Les élèves sont accueillis au collège avec leurs familles par l’équipe de pilotage du projet puis évalués par l’équipe pédagogique à travers leurs domaines d’excellence et leurs difficultés. Après une courte phase d’observation, un programme d’actions de type PPRE est mis en œuvre en collaboration avec la vie scolaire, les enseignants, les personnels sociaux et de santé et la COP. Les parents sont associés à cette prise en charge personnalisée des élèves. Il s’agit dans un premier temps de travailler sur le relationnel pur (aide à l’intégration, à la socialisation, au rapport à l’autre : pairs, autres élèves, adultes) puis sur le relationnel cognitif (aide au positionnement dans l’établissement et le groupe classe, rapport aux apprentissages scolaires et à la production…).
Une structure dérogatoire est définie en accord avec les autorités académiques, elle peut concerner l’alignement des langues pour la constitution de groupes de niveau, un découpage en module des disciplines scientifiques ou encore la possibilité d’adapter l’emploi du temps aux besoins de chacun. Les horaires réglementaires sont toutefois respectés pour les mathématiques, le français, les langues vivantes, l’histoire, géographie et éducation civique, l’éducation physique et sportive et 3 disciplines de leur choix. Le reste du temps, ils bénéficient d’ateliers spécialement conçus pour améliorer leurs points faibles (calligraphie, mathématiques, écriture via l’informatique, méthodologie/organisation…) et/ou travaillent sur un sujet de recherche (typeTPE) reposant sur leurs domaines de prédilection dont le contenu et les objectifs sont élaborés avec le groupe de pilotage de l’établissement. Il s’agit, pour chacun, de trouver une motivation pour le travail scolaire ou parfois même une voie de réconciliation avec l’école. Cette prise en charge particulière nécessite une concertation importante des équipes tant pour les activités proposées que pour le suivi de chaque élève et son évaluation.
Démarche
Dans un premier temps, l’équipe pédagogique procède à un diagnostic partagé concernant les points forts et faibles de chaque élève, des pistes de travail sont alors envisagées au sein du Conseil pédagogique. Le groupe de pilotage restreint élabore alors les grandes lignes d’un programme personnalisé (objectifs, forme, contenus, intervenants, rythme…). Un adulte référent est choisi par chaque élève parmi les personnels de l’établissement (enseignants, membre de l’équipe de direction ou de la vie scolaire, infirmière, COP…). Ces personnes se doivent d’être disponibles pour répondre aux préoccupations spécifiques des élèves (écoute, analyse, soutien, aide à la construction du projet personnel).
Un entretien est mené avec chaque élève pour affiner le diagnostic et arrêter le programme d’actions avant de l’inclure dans un contrat d’engagement signé par le représentant de l’équipe pédagogique, l’élève et sa famille (partenaire du projet éducatif et impliquée dans le suivi voire exceptionnellement l’encadrement d’activités). Ce contrat pédagogique construit sur le modèle d’un PPRE intègre, selon les élèves concernés, tout ou partie des éléments suivants :
- un cursus scolaire classique (comme défini dans le cadre signé en juillet 2006 par l’IA-DSDEN) complété par des activités personnelles (ateliers et/ou projet de recherche aux objectifs, contenus et modalités de mise en œuvre déterminés avec l’élève) ;
- des projets personnels (menés individuellement ou en groupes) présentant une utilité dépassant la simple réalisation pédagogique. Visant dans un premier temps à travailler le relationnel cognitif, ils débouchent sur une réalisation permettant aux élèves de faire évoluer positivement (sans pour autant les « normaliser ») leur rapport à l’école et d’apporter l’expression de leur créativité. La production doit avoir du sens pour l’élève, voire présenter un intérêt pour la communauté scolaire, participer à son rayonnement… ;
- un tutorat inter-élèves (entre pairs puis avec d’autres élèves en difficulté) est encouragé, les élèves tuteurs pouvant faire l’objet d’une formation adaptée. La vocation de cette démarche étant de valoriser les compétences des élèves donc de les reconnaître et de contribuer à leur donner une place et un rôle social dans la communauté scolaire ;
- un auto-apprentissage encadré par des enseignants pour développer l’autonomie (afin de structurer et d’organiser leur indépendance en matière de gestion des apprentissages) et permettant aux élèves d’aller plus loin que le contenu des programmes de leur classe. L’encadrement de ces activités est éventuellement réalisé par des intervenants extérieurs (un maître de conférence de l’université Paris 12, a travaillé toute l’année avec un groupe d’élèves sur les thématiques des programmes de collège et lycée en croisant sciences physiques, mathématiques et arts) ;
- un programme personnalisé laissant une place privilégiée aux arts, aux sciences et aux langues vivantes dont la littérature.
Le Conseil pédagogique a également vocation à proposer des sauts de classes. Ils concernent des élèves dont les compétences sont reconnues pour réussir une immersion dans un niveau supérieur tant sur le plan scolaire que psychologique. Ces sauts peuvent s’opérer en cours d’année, à l’issue du premier, voire du second trimestre. La réussite constatée, jusqu’à présent, de l’ensemble des élèves ainsi promus (une dizaine en 2 ans) témoigne tant de la qualité du diagnostic porté par les enseignants que de leur capacité d’adaptation et de souplesse dans les pratiques pédagogiques.
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