POUR UN TRAVAIL COLLABORATIF DES MEN

Volume 4 numéro 3 (association des orthoptistes)

LE TEST DE L'ÉCRAN ALTERNANT, LE TEST DE CONVERGENCE ET D'ACCOMODATION

Le test de l'écran alternant

Ce test s’effectue aussi en vision de loin et de près, aux mêmes distances. Il sert à détecter les phories.

La phorie est la posture dynamique des deux yeux: les yeux peuvent prendre une posture vers l’intérieur (ésophorie) ou vers l’extérieur (exophorie),vers le haut (hyperphorie) et vers le bas (hypohorie). La phorie représente comment les yeux se projettent dans l’espace (déviation non apparente).

Chaque oeil est couvert à son tour et est observé tant lorsqu’il est couvert que découvert. Puisque la phorie est une déviation latente compensée par la fusion des deux yeux, lorsqu’on couvre un oeil et que l’on empêche la fusion des deux eux, l’oeil qui est couvert fera un mouvement (interne, externe, haut, bas) et se redressera lorsque l’on enlève l’occlusion (mouvement contraire).

S’il n’y a pas de phorie importante, les yeux ne feront pas de mouvement de redressement au moment où on enlèvera l’obturateur (voir figure 1, A-B).

Figure 1.

En alternant l’occlusion d’un oeil à l’autre de façon un peu rapide et en tentant d’observer le mouvement de chaque oeil au moment où on enlève l’occlusion, si les yeux font un mouvement de redressement vers l’extérieur, il y a ésophorie (voir figure 1, C). Si les yeux font un mouvement vers l’intérieur, il ya une exophorie (voir figure 1, D). Un mouvement d’un oeil vers le bas indique une hyperphorie (voir figure 1, E), un mouvement vers le haut indique une hypophorie (voir figure 1, F).

L'observation est beaucoup plus facile si on commence avec le test unilatéral:

1) s’il y a strabisme, on note la direction du strabisme et le test est fini;

2) s’il n’y a pas de strabisme, on passe immédiatement au test alternant pour déceler une possible phorie.

Si on procède au départ avec le test alternant, on ne sait pas s’il y a tropie ou phorie. C’est pourquoi on tente d’éliminer la présence d’un strabisme avant tout (voir figure 1).Lors du dernier bulletin Info-Vision, nous avions discuté du test des reflets cornéens et du test de l’écran pour le dépistage des strabismes et des phories. Nous discuterons maintenant du test de convergence, du test d’accommodation (ou de focalisation), du test de la vision stéréoscopique et du test de la vision des couleurs. 
 

Un rappel: la binocularité (les trois degrés de fusion)

On appelle un problème de binocularité (ou de fusion) tout problème où la participation des deux yeux n’est pas adéquate ou absente. Les problèmes de l’alignement des deux yeux en sont un exemple. La binocularité nous empêche donc de voir double (diplopie) lorsque les deux yeux fonctionnent parfaitement en une seule équipe.

La fusion (ou habiletés de la fusion) des deux images des deux yeux n’est possible que lorsque les deux yeux fonctionnent parfaitement en une seule équipe. La fusion parfaite des deux images nous permet la stéréoscopie (vision stéréoscopique), c’est-à-dire la vision ou la perception des profondeurs (communément appelée la vision «en trois dimensions»).

Pour pouvoir apprécier les profondeurs, les yeux doivent posséder les 3 degrés de fusion:

• le premier degré de fusion est lorsque les deux yeux peuvent voir simultanément leur image respective;
• le deuxième degré de fusion est lorsque les deux champs de vision peuvent se superposer l’un sur l’autre (sans vision double);
• le troisième degré de fusion est l’unification des images des deux champs de vision par le cerveau qui  permettra la vision stéréoscopique. 
   

Le système de centration (ou alignement)

Un enfant qui a un strabisme (ou loucherie) constant et dont l’oeil strabique ne participe jamais (vision monoculaire) n’a même pas le premier degré de fusion. Par contre, l’enfant qui a un strabisme intermittent peut montrer un premier et un deuxième degré de fusion (lorsque la vision est simultanée et que les images se superposent) mais peut avoir une déficience partielle ou totale de la vision stéréoscopique et ne pas apprécier les profondeurs à 100%.

L’enfant aux prises avec un problème de binocularité aura de la difficulté à bien coordonner ses deux yeux ensemble. Il aura souvent l’impression que ses yeux tirent ou sont inconfortables. Si le problème est plus grave, il se plaindra de voir double (diplopie) et à ce moment, on pourra sans doute voir qu’un de ses yeux louche.

Il y a strabisme lorsqu’un des deux yeux (ou en alternance, l’un ou l’autre) louche ou ne fixe pas au même endroit que l’autre.

Lorsqu’un oeil dévie vers l’intérieur, on parle d’un strabisme interne (ou ésotropie) et lorsqu’un oeil dévie vers l’extérieur, on parle d’un strabisme externe (ou exotropie).

Afin d’éviter de voir double, car cela est insoutenable pour le système visuel, le cerveau peut éliminer l’image qui parvient de l’oeil qui dévie ou de l’oeil amblyope. Ce phénomène est appelé la suppression. L’individu utilise alors un seul oeil lorsque les deux yeux sont ouverts, même si les yeux peuvent voir chacun leur tour (lorsque l’autre oeil est bloqué).

La phorie est la posture dynamique des deux yeux: les yeux peuvent prendre une posture vers l’intérieur (ésophorie) ou vers l’extérieur (exophorie). La phorie représente comment les yeux se projettent dans l’espace (déviation non apparente). 
 

LE TEST DE CONVERGENCE (point rapproché de confergence)

On se rappelle que la convergence est le mouvement que font les deux yeux lorsque, par exemple, nous regardons un livre. Les deux yeux font un mouvement vers l’intérieur et fixent au même endroit dans l’espace.

La divergence est l’opposé en quelque sorte de la convergence. Lorsque les yeux sont rivés sur une même cible, et que l’on regarde tout à coup vers l’horizon, les yeux doivent être capables de faire un mouvement simultané vers l’extérieur jusqu’à ce que nos yeux soient droits.

Le test de convergence

Le test de convergence a pour but d’évaluer la capacité des yeux à converger, c’est-à-dire de se déplacer vers l’intérieur (voir figure 2).

Figure 2.

Pour ce faire, il faut se placer directement en face du sujet et placer une cible (crayon, règle, etc.) à la hauteur des yeux dans la ligne médiane. On demande au sujet de regarder constamment la cible  que l’on place à 30-40 cm des yeux pendant que l’on avance vers les yeux.  On doit alors observer constamment le mouvement des yeux.

D’abord les yeux se déplaceront tous les deux vers l’intérieur de façon conjuguée puis à une certaine distance, un des deux yeux (l’oeil dominé, puisque l’oeil dominant conservera la fixation) cessera de fixer et effectuera un déplacement vers l’extérieur. C’est le point de bris de la convergence. En deçà de cette distance, les yeux ne peuvent plus converger.

On note alors la distance à laquelle le point de bris a lieu. La distance normale est d’environ 5 cm (2 pouces).

On peut aussi mesurer le point de recouvrement de la convergence: une fois le point de bris atteint, on recule simplement la cible lentement jusqu’à ce que l’on observe de nouveau une convergence des deux yeux vers la cible. La distance normale du point de recouvrement est d’environ 10 cm (4 pouces) (voir figure 3).

Figure 3.

On note le résultat du test de la façon suivante: 

Test de convergence: 8 cm / 20 cm 
(dist. bris/dist. recouvrement) 
 

Normalement, au point de bris, le sujet vous dira qu’il voit deux cibles. Au point de recouvrement, le sujet dira voir une seule cible. Par contre, beaucoup d’enfants ne perçoivent pas le dédoublement des cibles au point de bris: c’est pourquoi il est important de toujours bien observer les mouvement des yeux lors de ce test.

Pourquoi faire le test de convergence?

La convergence est une habileté importante pour la performance visuelle en vision de lecture. Non seulement, la convergence doit-elle être efficace mais elle doit aussi le demeurer lorsqu’on lit et écrit pendant de longues heures.

Lorsque la convergence est insuffisante (soit que le bris est supérieur à 5 cm ou que le point de recouvrement est très éloigné), l’enfant peut se plaindre (ou non) de voir double de façon intermittente ou de façon constante. Prenons un exemple: Vous effectuez le test de convergence et avez les résultats suivants: point de bris à 20 cm et point de recouvrement à 40 cm. Le test révèle donc une insuffisance de convergence. On comprendra que si l’enfant lit à une distance de moins de 40 cm, il pourra y avoir une vision double intermittente. Si l’enfant lit autour de 20 cm, la vision double pourra être constante. La diplopie est une condition parfois intolérable pour une bonne performance de lecture... et c’est un test simple et important à mesurer. 
 

LE SYSTÈME DE FOCALISATION (OU ACCOMMODATION)

L’accommodation est une des fonctions du système visuel (comme l’alignement des yeux) qui nous permet de voir clair instantanément à toute distance. Les muscles internes de l’oeil assurent une accommodation rapide et précise.

Lorsque cette fonction est lente ou imprécise ou qu’elle s’épuise, des plaintes d’embrouillement apparaissent.

L’enfant qui a un problème d’accommodation se plaindra souvent de voir embrouillé lorsqu’il lit ou écrit ou après un travail prolongé. De plus, il pourra même voir embrouillé en vision de loin après avoir forcé ses yeux à lire ou à écrire.

La distance à laquelle l’enfant lit ou écrit  révélera souvent la façon dont fonctionne son système de focalisation.

Le test d’accommodation (ou de focalisation)

Ce test a pour but de mesurer la capacité d’accommodation du sujet.

On utilise une carte de lecture ou tout autre texte (caractères d’environ 10-12 points). De la même façon que lors du test de convergence, on demande à l’enfant de tenir le texte dans les mains et de rapprocher celui-ci jusqu’à ce que le texte soit embrouillé. On a alors atteint la distance maximale à laquelle la focalisation peut être soutenue. La distance normale est d’environ 15 cm (ou 6 pouces). 
Si l’enfant voit embrouillé à une distance supérieure à 15 cm, il pourra se plaindre de vision embrouillée au moins de façon intermittente lors de la lecture ou de l’écriture. On peut faire le test un oeil à la fois (comme dans la figure 4) ou le faire surtout avec les deux yeux ouverts.

 
Figure 4.