POUR UN TRAVAIL COLLABORATIF DES MEN

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Autismes : nouveaux enjeux cliniques et thérapeutiques dans une perspective psychanalytique ouverte et articulée aux approches issues d’autres courants - 2012


Pour citer cet article
Vous consultez : Autismes : nouveaux enjeux cliniques et thérapeutiques

Auteurs : 
  • Brigitte Algranti-Fildier - Psychiatre, option pédopsychiatrie, Psychanalyste, membre du Collège International de Psychanalyse et Anthropologie, Praticien Hospitalier à temps partiel (Orsay), 155, avenue Roger Salengro, 92370 Chaville, France - brigitte.afildier@tele2.fr
  • Hélène Suarez-Labat - Psychologue clinicienne, Psychanalyste, Chargée de cours à l’Université Paris 5, Institut Claparède, 92200 Neuilly-sur-Seine, France - suarezlabath@hotmail.com
  • Dans ce dossier de Perspectives Psy consacré à l’autisme, nous avons voulu nous situer dans une perspective psychanalytique ouverte et articulée aux approches issues d’autres courants. Notre fil directeur reste la mise en lumière des modèles psychodynamiques guidant les thérapeutes s’occupant de sujets avec autisme, des modalités, principes et processus des cures analytiques individuelles, du travail avec les familles, ainsi que de certaines approches originales utilisées selon une éthique psychanalytique. Les émergences du langage et de nouvelles potentialités au cours des soins sont mises en évidence et décrites, tandis que sont explicités les apports possibles aux évaluations des tests projectifs. Tous les auteurs ici convergent pour souligner la richesse remarquable des travaux de Geneviève Haag sur les processus de construction du moi-corporel, des symbolisations primaires à travers le corps et à travers la projection sur l’architecture, puis des symbolisations secondaires. Nous voulons montrer l’esprit de recherche qui anime les cliniciens à orientation psychanalytique, leur souci d’évaluation des pratiques en y apportant leurs propres perspectives, leur ouverture sur la diversification et la complémentarité des approches. Ainsi, Didier Houzel présente les principales théories psychodynamiques de l’autisme issues de l’exploration et du traitement psychanalytique d’enfants autistes, insistant sur l’arrière-plan épistémologique de ces modèles qui ne sont pas des modèles étiologiques mais qui s’efforcent de décrire un fonctionnement mental. Il nous offre une perspective historique allant de M. Klein à G. Haag, en passant par E. Bick, D. Meltzer, F. Tustin, J. Grotstein et lui-même, avec leurs principaux apports puis souligne certaines correspondances entre les modèles issues des recherches psychodynamiques et certaines données apportées par les explorations biologiques. La conjonction de plusieurs points de vue lui paraît nécessaire afin de lever chez le sujet avec autisme, autant que faire se peut, les obstacles qui se sont accumulés sur le chemin de la reconnaissance de l’autre et des moyens de communiquer avec lui. Brigitte Algranti-Fildier, présentant les principales modalités et objectifs du travail individuel d’un psychanalyste avec un enfant souffrant d’autisme et avec ses parents à l’heure actuelle, met en lumière le processus qui s’installe et se développe, ses buts et les écueils à éviter pour soutenir et accompagner le développement de la vie psychique et des échanges intersubjectifs à partir de la sensorialité de l’enfant qui se figure dans le cadre proposé, des symbolisations primaires jusqu’aux symbolisations secondaires. La question bien actuelle des évaluations est reprise par Hélène Suarez-Labat. L’auteur souligne que l’investigation du fonctionnement psychique des enfants avec autisme au moment de l’annonce puis au long des prises en charge éducatives et/ou thérapeutiques n’est jusqu’à présent pas prise en compte, en faveur des évaluations uniquement cognitives et comportementales. Son propos est alors de souligner l’intérêt et la nécessité d’ajouter aux épreuves cognitives des épreuves projectives tels le Rorschach, le TAT, le CAT, Patte noire et le Scéno-test, qu’elle présente et dont elle décrit les qualités. Constituant des avancées certaines dans la compréhension de « l’énigme autistique » et soutenant le sujet lui-même, sa famille, les équipes de soins et les équipes éducatives dans l’ajustement des aides thérapeutiques, ces épreuves et leur passation révèlent des potentialité de transformations bien souvent inattendues. Leur intérêt dans l’évaluation des émergences autistiques y est ainsi bien souligné. 
  • Chantal Lheureux-Davidse donne une synthèse d’une recherche sur les émergences du langage organisée par la Coordination Internationale des Psychothérapeutes Psychanalystes s’occupant de sujets avec Autisme (la CIPPA). L’émergence du langage verbal chez des enfants autistes dépend, 

    nous décrit-elle, du partage d’émotions, de l’intégration de l’image du corps, de la possibilité de retrouver une certaine sécurité du sentiment d’exister en continu, de l’intérêt pour les mouvements et les vibrations, permettant alors de s’intéresser à la voix et de passer du bruitage aux mots. 

    L’auteur explique comment le cadre des thérapies psychanalytiques individuelles offre des conditions particulièrement favorables à ce processus. Dominique J. Arnoux présente, lui, une recherche clinique sur le thème du groupe familial et plaide pour la mise en place d’un travail thérapeutique psychanalytique avec les familles d’enfants autistes, particulièrement lorsque l’équilibre familial se trouve menacé par l’établissement des soins de l’enfant. Prenant en compte l’impact sur la famille du dysfonctionnement psychique de l’enfant, il permet l’entrecroisement entre réalité intrapsychique et réalité intersubjective et le rétablissement des liens et de la créativité au cœur de ces liens. Benoît Virole et Julien Bufnoir nous offrent une description détaillée de l’intérêt de l’utilisation de la langue des signes des sourds et de ses caractéristiques comme aide à la communication chez des enfants avec autisme accueillis en hôpital de jour. Les signes gestuels utilisés présentent une image des choses en mouvement, référée à la réalité perceptive, et sont accompagnés d’indices mimiques fortement accentués permettant un décodage plus aisé par les enfants. L’utilisation de la langue des signes se révèle ainsi un vecteur remarquable de travail avec les enfants encore sans langage. Enfin, Marie Angrand et Didier Le Hay, exposent leur pratique de Pack thérapeutique auprès d’enfants et d’adolescents autistes en IME, insistant sur l’intérêt de cette technique très cadrée, supervisée et combinée à d’autres prises en charge, dans des indications très précises. L’ensemble de ces articles articulant théorie, clinique et thérapeutique, veut ainsi mettre en lumière et expliciter des pratiques souvent mal connues et promouvoir un esprit d’ouverture, de complémentarité et de recherche.

POUR CITER CET ARTICLE
Brigitte ALGRANTI-FILDIER et Hélène Suarez-Labat « Autismes : nouveaux enjeux cliniques et thérapeutiques », 
Perspectives Psy 3/2006 (Vol. 45), p. 211-212. 
URL : www.cairn.info/revue-perspectives-psy-2006-3-page-211.htm.


16/04/2012
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